Anonyme vers 1920

Avant que ne décroisse la lumière, que ne se retire le souvenir, vois où nous vivions, arpentons et piétinons ce cimetière tandis que le jour régresse ; bientôt l’invasion de la nuit la confisque à nos yeux, l’image pâlit, ses ombres plus denses estompent les contours, bouchent des coins d’obscurité et décolorent la matière brumeuse, ne serait-il pas magique de rester là jusqu’à son épuisement, la voir peu à peu s’amenuiser et se fondre comme dans l’avenir des miroirs la buée d’une haleine disparaît.