Dans la pente du toit
Récit
Janvier 1998, Edition du Seuil, Collection Fiction & Cie, dirigée par Denis Roche,
185 pages
Comment se remettre d’aplomb chaque matin, comment tuer la peur ?
Comment tuer la peur, je me le demande.Premières lignes
Avant la mort, j’écrivais des romans. Pourtant cela ne commence pas là. Nous n’avons pas le temps. A peine. Mon père, puis ma sœur, subitement ils sont morts, de mort lente. Et je n’ai aucun dieu tout puissant à froisser, sacrifier ! En guise de faire part : mugissements, hoquets, injures, je manque de respect. Et moi je dois me souvenir ! Que tout cela est frivole. Pas d’ironie, la douleur est humaine. De telles phrases s’entendent, des digressions. On se met à comparer l’écrit avec la réalité, or l’écrit est réel, la réalité a du mal. Impensable ! Ma cadette et mon père ravagés lentement, de mort lente. Que ma peur est petite. Il y a le tombeau ; littéraire. Le crématoire ; textuel.
Extraits de presse
Qu’il s’agisse en même temps d’une œuvre, au sens le plus pur et le plus exigeant du terme, c’est une évidence et un cadeau précieux pour le lecteur. Et précieux sans doute – et avant tout- pour les morts reflétés dans l’œil d’Anne-Marie Garat, « maître de la seconde lumière qui tire de sa nuit la pellicule négative », mais cela, dès lors, se passe au-delà de ce qui nous regarde.
Ghislain Cotton, Le Vif L’Express, 06/02/1998
Ecrit comme l’on s’arrache dès les premières pages, qui sont d’une violence extrême dans leur refus de toute posture sentimentale. C’est la première qualité, pas la seule. (…) Dans la pente du toit est d’abord une confrontation singulière avec l’histoire, un livre qui affronte les tabous de l’écriture. C’est toute sa grande beauté.
Bertrand Leclair, Les Inrockuptibles, 02/1998
Ainsi se poursuit l’infernal chantier de la mémoire dans la nuit où l’on voit juste, où l’on vole à la vraie vie le temps d’écrire sur une table de cuisine encombrée, comme un garde-fou, de brouillons, carnets, cartes postales, photos. Faut-il brûler les souvenirs, ces vieilleries, ou s’y cramponner comme au fil ténu de la vie en espérant faire renaître de la douleur un instant de grâce, comme la floraison neigeuse du champ de sarrasin du Miroir de Tarkovski ?
Monique Petillon, Le Monde des Livres, 02/1998
Dans la pente du toit est un affrontement entre une femme et la mort, un duel entre un écrivain et la mort. Avec ses phrases sèches, crues, ses émotions revendiquées, Anne-Marie Garat saute la barrière. Efface les frontières.
Martine Laval, Télérama, 22/04/1998
Dans la pente du toit est sous titré « récit ». A cause du doute décapant auquel l’écrivain a soumis la littérature. Mais aujourd’hui les romans se font aussi de cette façon. En mangeant leur propre fiction
Claudine Galea, La Marseillaise, 21/06/1998